- Positions
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29/05/01
MIN/087/01F Final
Recommandations
de la CIAA
pour rationaliser et simplifier le processus r�glementaire de l'UE
dans le cadre de la mise en oeuvre du Livre Blanc sur la S�curit� Alimentaire
- La complexit� et
l'inflexibilit� de l'environnement r�glementaire de l'UE porte pr�judice �
la capacit� de l'industrie � r�pondre � la demande des consommateurs ainsi
qu'� la confiance des consommateurs dans l'industrie et � la comp�titivit�
de celle-ci au niveau mondial. L'Union europ�enne innove moins que ses concurrents.
Les consommateurs doivent attendre des ann�es avant de pouvoir profiter du
d�veloppement des produits et des progr�s technologiques. Ceci est d� � la
tr�s grande lenteur des processus employ�s pour modifier la l�gislation et
� la complexit� des proc�dures d'approbation n�cessaires pour les nouveaux
aliments et les nouveaux ingr�dients alimentaires, m�me en l'absence de toute
pr�occupation en mati�re de sant�. Pour encourager l'innovation, l'industrie
a besoin de proc�dures d�cisionnelles transparentes, pr�visibles, efficaces
et permettant de r�agir rapidement.
- La CIAA se f�licite
donc vivement des vues exprim�es dans le Livre Blanc, au chapitre 5, indiquant
que "le processus de d�cision doit �tre rationalis� et simplifi� pour garantir
efficacit�, transparence et rapidit�".
- La CIAA a command�
une �tude juridique pour passer en revue et analyser les processus et les
proc�dures actuellement en place ou se rapportant potentiellement � la mise
sur le march� de denr�es alimentaires dans l'UE. Diff�rentes options sont
propos�es pour rationaliser et simplifier les processus et les proc�dures
identifi�s.
- Il faut maintenir
la distinction, �tablie en 1985, entre les questions qui n�cessitent l'adoption
d'une l�gislation harmonis�e de l'UE (par ex. la protection de la sant� publique,
la protection et l'information des consommateurs) et celles qui, sous r�serve
de l'application du principe de reconnaissance mutuelle, peuvent rester r�glement�es
au niveau national (par ex. les r�gles de composition). Toutefois, depuis
1985, de nombreux domaines de la l�gislation alimentaire de l'UE qui n�cessitent
une harmonisation (par ex. les compl�ments alimentaires ou les aliments fortifi�s)
continuent de se voir appliquer le deuxi�me mod�le en raison de l'inefficacit�
et de la lenteur du processus r�glementaire de l'UE.
- Pour que le programme
d'harmonisation de l'UE traite des v�ritables priorit�s, il est essentiel
d'avoir une ad�quation entre la composition/la comp�tence des institutions
et leur r�le dans le processus d�cisionnel. L'exp�rience sugg�re la mise en
place d'un mod�le o� les dispositions d�cr�t�es par le Parlement et le Conseil
d�termineraient l'orientation politique g�n�rale de la l�gislation, en �tablissant
les exigences essentielles en termes de s�curit�, de protection, d'information
du consommateur, etc. Dans le cadre de la politique convenue, l'adoption de
mesures de mise en oeuvre d�riv�es - en particulier celles de nature technique
ou scientifique -, en accord avec le cadre politique en question, pourrait
�tre d�l�gu�e � la Commission conform�ment � l'article 202 du Trait� de l'UE.
Ceci refl�terait l'approche adopt�e dans les Etats membres, o� l'�laboration
d�taill�e des dispositions l�gislatives subsidiaires est normalement d�l�gu�e
au pouvoir ex�cutif (administration publique) tandis que le Parlement maintient
une fonction de supervision et de suivi, assortie du pouvoir d'intervenir
s'il y a lieu.
- Les proc�dures
actuelles pour �laborer et mettre � jour la l�gislation alimentaire de l'UE
doivent pourtant �tre am�lior�es. Une plus grande assurance et une confiance
mutuelle plus forte entre les institutions qui d�l�guent et celles � qui l'on
d�l�gue sont n�cessaires pour que les questions techniques, qui sont souvent
d�taill�es et complexes, soient d�l�gu�es de fa�on appropri�e tandis qu'un
contr�le d�mocratique est exerc� correctement et efficacement par les institutions
qui d�l�guent. La Commission doit aussi �tre dot�e des moyens et des ressources
qui conviennent pour �laborer les mesures d�l�gu�es avec rapidit�, efficacit�
et transparence. Ceci exigera une vision d'ensemble, une volont� politique
et une gestion administrative efficace.
- La cr�ation d'une
Autorit� alimentaire europ�enne ind�pendante pourrait �tre le catalyseur susceptible
d'induire le changement culturel, la confiance et l'efficacit� n�cessaires
pour arriver � une am�lioration substantielle du processus d�cisionnel de
l'UE dans le domaine alimentaire. A cette fin, l'Autorit� devrait �tre pleinement
int�gr�e dans le processus d�cisionnel de l'UE, non seulement en tant que
forum o� sont �labor�s les avis scientifiques mais aussi en tant qu'organisme
qui entreprend d'autres t�ches pr�paratoires de nature technique pour faciliter
l'adoption des mesures ayant �t� d�l�gu�es � la Commission. En effet, "l'ind�pendance"
de l'Autorit� pourrait �tre un facteur d�terminant du renforcement de la confiance
entre les institutions qui participent. En outre, son �tablissement - qui
n�cessitera des ressources humaines et financi�res ad�quates - pourrait �tre
l'occasion de faire preuve de cr�ativit� en regroupant les ressources humaines
disponibles et en accroissant la flexibilit� du processus d�cisionnel.
- Plus sp�cifiquement
:
- L'Autorit�
alimentaire doit tout d'abord �tre en mesure de fournir les avis scientifiques
dont a besoin la Commission, tant pour proposer de nouvelles dispositions
l�gislatives au Conseil et au Parlement que pour �laborer les mesures
de mise en oeuvre d�l�gu�es. Il sera d'une importance vitale que les avis
de l'Autorit� alimentaire soient �labor�s en toute ind�pendance et publi�s
de fa�on totalement transparente, afin que toutes les parties puissent
juger de la base sur laquelle la Commission propose et prend des mesures
de gestion du risque. Le statut ind�pendant de l'Autorit� doit de ce fait
contribuer � �tablir la confiance des diff�rentes parties prenantes qui
repr�sentent tous les maillons de la cha�ne alimentaire. Ce statut doit
aussi contribuer � renforcer la confiance entre les organismes institutionnels
de la Communaut�.
- L'�laboration
de mesures de nature essentiellement scientifique (par ex. les crit�res
de puret� et les m�thodes d'�chantillonnage et d'analyse) pourrait �tre
d�l�gu�e � l'Autorit� elle-m�me, la Commission �tant responsable de leur
adoption dans le cadre des m�canismes communautaires existants. L'Autorit�
alimentaire, qui serait � distance du processus d'approbation officiel
et ind�pendante des d�cideurs, pourrait adopter des proc�dures plus flexibles
pour l'�laboration des crit�res et de la m�thodologie n�cessaires. Ceci
pourrait inclure l'�largissement des ressources disponibles afin que l'Autorit�
puisse faire appel, en dehors de son propre personnel, aux ressources
et aux comp�tences disponibles par ailleurs : par ex. au niveau des Etats
membres (autorit�s centrales et locales, organismes universitaires et
priv�s, industrie).
- L'Autorit�
pourrait aussi avoir la responsabilit� de pr�parer les d�cisions communautaires
dans des domaines faisant l'objet d'une r�vision et d'une approbation
individuelles des produits (par ex. les nouveaux additifs et les nouveaux
aliments). Ceci ferait �cho � la comp�tence accord�e � l'EMEA. L� encore,
comme avec l'EMEA, l'Autorit� devrait pouvoir faire appel � des experts
des Etats membres et ses avis seraient soumis � l'approbation formelle
de la Commission, au titre des proc�dures de comitologie.
- Enfin, l'Autorit�
pourrait aussi avoir la responsabilit� de coordonner et de guider l'�laboration
d'instruments volontaires. En accord avec la philosophie actuelle en mati�re
de "co-r�gulation" et dans des domaines choisis au moment de l'adoption
de la l�gislation cadre, l'Autorit� alimentaire pourrait se voir confier
la mission de veiller � ce que les recommandations ou les codes de pratique
qui en d�coulent soient �labor�s avec la participation appropri�e de tous
les groupes directement affect�s et que ces instruments repr�sentent convenablement
leur point de vue. L'Autorit� doit aussi pouvoir prendre l'initiative
de la r�vision et de la reconnaissance des instruments finalis�s par la
Commission. En outre, en accord avec les mesures techniques adopt�es au
titre de la "nouvelle approche de 1985 � l'�gard de la normalisation",
la l�gislation cadre pourrait stipuler que la conformit� aux instruments
reconnus pr�sume la conformit� aux exigences r�glementaires dont ils d�rivent.
- En tout cas, la
d�cision de l'Autorit� n'affecterait pas n�gativement les pouvoirs des autres
institutions communautaires, qui conserveraient les comp�tences qu'elles tiennent
du Trait� de l'UE. La Commission garderait notamment le pouvoir unique de
proposer des dispositions l�gislatives au Conseil ou au Parlement ainsi que
d'adopter des mesures de mise en oeuvre et autres mesures de gestion du risque.
Le Conseil et le Parlement continueraient d'exercer le contr�le d�mocratique
n�cessaire � l'�gard de l'adoption des mesures de mise en oeuvre, en vertu
de la D�cision du Conseil 1999/468/CEE. Enfin, l'Autorit� devrait r�pondre
de son action et de sa gestion devant les autres institutions.
- La Directive G�n�rale
sur la L�gislation alimentaire qui va bient�t sortir para�t �tre le v�hicule
le plus appropri� pour mettre en place les changements expos�s ci-dessus.
Elle doit confirmer en particulier le principe du mod�le de "la l�gislation
cadre/mesure de mise en oeuvre" et introduire une certaine flexibilit� dans
les types de syst�mes d'approbation qui peuvent �tre �tablis pour les denr�es
alimentaires, notamment la n�cessit� d'obtenir des approbations sp�cifiques
par rapport � tel ou tel produit, dans des domaines bien d�finis, la possibilit�
d'�laborer des instruments volontaires � l'appui des exigences essentielles
� respecter, et le fait que la conformit� � ces exigences est pr�sum�e dans
les cas de conformit� � des instruments volontaires reconnus. La Directive
doit aussi pr�ciser le r�le de l'Autorit� alimentaire dans l'�laboration de
chaque type de mesure. Pour accro�tre la confiance, la Directive G�n�rale
sur la L�gislation alimentaire doit �tablir le principe du devoir de consultation
de l'Autorit� par la Commission sur tous les sujets se rapportant � la protection
de la sant� publique.
- Enfin, tous les
r�glements et directives de l'UE qui existent au sujet des denr�es alimentaires
et ceux qui sont en voie d'�laboration doivent �tre r�examin�s et, si n�cessaire,
r�vis�s pour aligner leurs dispositions sur l'esprit et l'approche d�crits
plus haut et concr�tis�s en fin de compte par la Directive G�n�rale sur la
L�gislation alimentaire.
- La CIAA estime
que les recommandations qui pr�c�dent doivent �tre soigneusement examin�es
dans le contexte des discussions actuelles et futures sur l'Autorit� alimentaire
europ�enne et la Directive G�n�rale sur la L�gislation alimentaire et elle
souhaite participer activement aux d�bats. Le futur d�veloppement de l'industrie
agro-alimentaire de l'UE est un �l�ment central de cette discussion.